Chapitre 10 : L'auberge

Publié le par xx-Dragoon-Lady-xx

Chapitre X : L’auberge

taverne-copie-1.gif

 

Loona se faufilait à travers les petites ruelles de Draneïl en relevant la tête pour lire les insignes des maisons. Elle avait pris soin de cacher ses armes ainsi que de se dissimuler sous son capuchon pour ne pas révéler son identité. Inconsciemment, elle avait pris le bras de Loki qui marchait à ses cotés en ayant retiré son casque et refermé son long manteau. Il ne se souciait guerre du risque d'être reconnu, c'était avant un maître de la tromperie. Sous les ordres de sa maîtresse, Faïla était restée aux alentours des vastes bois entourant la citée. A l’abri des regards elle pourrait effectuer sa chasse nocturne.
   La nuit était peu avancée. Les dalles résonnaient du pas de chevaux empressés, de quelques passants mystérieux et de cris d'enfants encore éveillés en dépit de l'heure quelque peu tardive.
Les fenêtres ouvertes dont le rebord scintillait à la lumière d'une bougie laissaient échapper des conversations et l’odeur du pain chaud.

Loona : - La première auberge que nous atteindront me sera salutaire. J'ai besoin de repos...

Loki : - Vraiment? Il y a tout de même des endroits malfamés qu'une jeune dame ne devrait point fréquenter…

Loona : - Hum, les mâles ne voient en une femme qu'un plaisir égoïste. Se persuadant éternellement que sans eux elle est sans défense. Aurais-tu partagé leur vision des choses ? … (A quoi bon poser la question après tout...)

 

Loki : - Qui sait.

 

Loona : - Ceux-ci qui fréquentent ces tavernes ne sont que des vieux dépravés qui buvant à n'en plus compter, ils ne méritent guère attention. Quand aux assassins, aux bandits, ha! Je n'ai guère raison de les craindre, ils sont bien prévisibles. J'ai vu et eu à faire à bien pire. Aux maîtres en la matière...n'est ce pas?

   Loki l'avait entièrement comprise et se contenta d'approuver sournoisement. Loona défendait toujours son dernier mot surtout quand il s’agissait de défendre la cause des femmes. Cela l'amusait.
   Ils n’avaient pas fait dix pas de long de l’allée dallée qui menait à la place du village qu’un veilleur les aborda et leur mit sa lanterne sous le nez :

 

Veilleur : - Halte là. Vous n’êtes jamais venus à Draneïl, pas vrai ?

 

Loki : - C’est notre première visite.

 

  Le bonhomme opina du chef :

 

Veilleur : - Vous avez des parents ou des amis pour vous accueillir ?

 

   Il remarqua alors Loona qui jusque là se faisait discrète comme une ombre :

 

Veilleur : - Et qui est cette charmante dame qui t’accompagne ? Et qu’est ce qui vous amène ici ?

 

Loki : - Nous n’avons personne ici. Elena est ma sœur, nous allons chercher sa famille dans le Sud pour la ramener à Dras-Leona.

 

  Le veilleur ne répondit pas ; le mensonge de Loki semblait pourtant marcher à merveille.

 

« Elena ? Dras-Leona ? Décidément il sait y faire…ce serait parfait si cet homme pouvait nous indiquer où dormir. »

 

Veilleur : - Dans ce cas, c’est l’auberge des voyageurs qu’il vous faut. A côté du puis principal. Vous y trouverez gîte et couvert. Si vous restez quelque temps à Draneïl, je vous préviens, nous ne tolérons chez nous ni le meurtre, ni le vol, ni le libertinage. Ces derniers temps, nous avons eu notre part de clients.

 

Loki : - (Hum intéressant...)

 

Veilleur : - Sans compter les infamies qui se trament au Nord ! On dit que cet endroit est maudit des Dieux! Ba! Tout comme les montagnes sur la côte Est gardées par les morts. Toute la citée bâtie aux flancs de celles-ci a été ravagée par la Peste noire en seulement deux mois...De nos jours aucun endroit n'est sûr. La nuit dernière un convois entier de prisonniers a été massacré....Notre pays se mourrait-il?... Ne passez en aucun cas en ces lieux ou il vous en coûtera la vie. Est-ce bien clair ?

 

« Les montagnes…si je l’avais su…ho que j’ai été stupide et imprudente… Et le Nord. Le ciel de sang. L’équipage. C’est là que nous allons »

 

Loki : -Parfaitement.

 

Veilleur : - Alors que la chance vous accompagne. Ah ! Une dernière question. Tu as un nom, l’étranger ?

 

Loki : - Bergan.

 

Sur ce, le veilleur reprit sa ronde vespérale. Loona attendit que lui et salanterne disparaissent derrière les maisons avant de continuer son chemin avec hâte jusqu'à l’auberge des voyageurs; auberge à étage portant l'insigne d'un cheval blanc. A l'entrée de celle-ci, deux cavaliers s’affairaient à attacher leur monture.

 

Loona : -Parfait, avec un peu de chance nous pourrions entendre des conversations utiles, si ils sont aussi bavards que celui-là. L’Ingen Nade a peut être été vu par quelques voyageurs…

 

Loki : - Cela va de soit, les bruits courent. Après toi je t’en prie.

 

D’un geste du poignet Loki fit mentalement s’ouvrit la grosse porte bois grinçante qui gardait l’entrée delataverne des voyageurs et invita galantement sa compagne à entrer.

La salle unique au plafond bas et aux poutres teintées baignait dans la lumière tamisée des lanternes aux vitres colorées, tantôt rouge, tantôt verte. Surla gauche, il y avait des tables, des chaises et, au plafond une immense cheminée dans la quelle brûlait un feu ardent.

De l’autre côté, un long comptoir s’étendait sur toutela largeur de la pièce, véritable forteresse avec ses ponts-levis pour protéger les tonneaux de bière blonde, brune ou rousse de la horde d’assoiffés qui l’assaillait de toutes parts, et il flottait dans l’air un délicieux parfum de viande rôtie qui venait de la cuisine. Une bonne soixantaine de personne erraient dans cet espace trop exigu pour une telle foule, où le brouhaha des conversations était d’autant plus douloureux, et avec ça un trio de ménestrels ajoutait un poids de plusau bruit ambiant.

Quand ils entrèrent dans l’auberge, quelques clients se turent un instant et quand ils reprirent leur conversation, se fut avec un entrain redoublé, comme si l’arrivée de deux personnes inconnues les avait tous enchantés.  Accablée par ce vacarme, Loona se fraya un chemin jusqu’au comptoir et commanda une chambreauprès de la patronne. Elle se saisit de la lourde clef et lui remis une pièce d'or ayant appartenue aux brigands qui avaient tenté de l'arrêter au portail d'une citée où l'équipage avait fait sa précédente halte. Les bandits n'avaient pas eu de chance de tomber sur elle et avaient été renvoyés à leur juste place. Alors quelle cheminait à travers la taverne afin de rejoindre Loki, Loona s'arrêta curieusement face à une table isolée des autres. Insolite parmi la foule indifférente. Elle savait ce qui l'avait tenté de se rendre ici. Ses lèvres s'entrouvrirent pour dévoiler un sourire subtil :

 

Loona : - Bonsoir.

 

L'inconnue en question releva la tête et dévoila un partie de son visage dissimulé sous un capuchon; elle aussi. Cette femme mure aux traits assez maigres et aux yeux d'un vert profond laissait paraître quelques rides; elle devait avoir plus de quarante ans et adoptait un air songeur et occulte.

Sur son front était tatoué un symbole bien particulier qui raviva agréablement la conscience de Loona; le symbole de la lune. La vieille femme eut un léger frisson à la vue de son interlocutrice; ordinairementaucun voyageur n'aurait cru bon de déranger une prêtresse à sa table. Pas Dragoon Lady.

 

Prêtresse : - Par le grand Odin mes yeux me joueraient-ils quelques tours? Jamais je n'aurais cru vivre assez longtemps...ô grande Loona.

 

La prêtresse resta subjuguée par la prestance mystérieuse de Loona; se reflétant dans ses yeux d'un bleu azur pareil aux cristaux d'eau limpide. Un regard contenant toute la grâce des astres célestes; le plus beau regard du monde. Elle avait prononcé le vrai nom de Dragoon Lady. Elle savait qui elle était. Car Loona était sa Déesse. Sa Gardienne.  Seuls ses fidèles, dont le soldat qu'elle avait précédemment défendu, pouvait reconnaître la Déesse Mère.

 

Prêtresse : - Ô toute mère protectrice dont la lune est l'âme. Ô somptueuse déesse de clairvoyance et source d'énergie. Ô grande dragonne gardienne dela lumière céleste. Votre présence en mon coeur est symbole de destin généreux. J'implore votre magnificence afin de guider mes choix et veiller sur mes enfants... Puis-je vous donner mon âme en retour. Je prierais jusqu'à l'aube...

 

La vieille femme avait aussitôt baissé la tête pour ne pas attarder son regard surla déesse déchue. En signe vénération et de profond respect. La priant pour qu'elle accepte l'amulette de saphir qu'elle lui offrait; ce qu'elle fit de bon coeur malgré son air impassible. Elle se pencha quelque peu et murmura à son adoratrice :

 

Loona : - Sois sans crainte brave femme. Ta dévotion est sincère et pure cela me suffit. L'âme est le paysage que l'on choisit. Les actes et la conscience forgent l'âme elle même appellent le destin. Ton âme est sauve. Je serais avec toi et veillerai sur ta famille. Ne cesse jamais de te battre sur cette terre. Tu en seras récompensée.

 

Puis Loona s'éclipsa sans bruit tandis que sa fidèle énonçait desparoles à mi-voix, le visage clos.

 

Prêtresse : L'âge d'or de la grande déesse de la nuit est infini tout comme le cycle de la vie.

Ceux qui osent lui faire offense seront châtiés pour leur pêcher et leur âme sombrera sous le ciel embrasé par la lune...

 

Ces mots résonnèrent comme un écho dans l'esprit de Loona. Elle renaîtra. Oui son corps tout entier désirait la divinité perdue. Elle châtiera Njörd. Evidemment elle avait soif de vengeance. Le destin du seigneur des Vanes allait basculer. Il le fallait. Loona vint s’asseoir sur une petite table face à Loki qui épiait déjà les conversations des clients indiscrets sirotant leur bière, un air malicieux peint sur le visage.

 

Loki : - As tu apprécié de te faire estimer cette vieille folle?

 

Loona : - Hum.

 

Egalement affamée; elle se fit copieusement servir la spécialité de la cuisine : de la pintade farcie aux raisins blancs dans une sauce un vin cuit avec quelques amuse-bouches et un bouillon de légumes.  A sa demande, Loki fitpart à Loona des nouvelles d’Asgard et de ses habitants. Mais l’inquiétude d’Odin et les évènements tumultueux avec le peuple des Vanes gagnèrent rapidement ses dires.

Il aima insister sur l’arrogance de son frère Thor ; selon lui, les querelles qu’il engendrait ne faisaient que rallumer peu à peu cette ancienne guerre :

 

Loki : Thor a l’esprit emplit de rêves infantiles, il ne veut que la guerre et croit ainsi se rapprocher de l’image de Père. Et du trône.

 

Loona : Loki, tu ne cesses de le considérer comme un enfant…

 

Loki : C’est ce qu’il est, un enfant qui veut être un roi aux yeux de son père ! Arrêtes de le défendre, ne te mêles plus de cela…

 

Soudain, les paroles d’un groupe de six soldats voisins passionnéspar leur conversation qui l’interpellèrent :

 

Soldat 1 : - Je peux te l’affirmer, une de nos trompes l’a aperçutau large il y a quelques heures! Bravant une des tempêtes les plus violentes, visiblement porté vers les terres duNord, les terres maudites de notre empire...

 

Soldat 2 : - Non…l’Igen Nade ? Le grand navire serait alors venu par ici ?! J’aurais aimé voir ça de mes propres yeux…ce navire est un légende. Ses guerriers sont dits invaincus !

 

Soldat 3 : - Que venait t-il faire par ici ? Il s’est sûrement fait prendre dans ces eaux maudites ! D'étranges brumes entourent perpétuellement ces terres abandonnéespar le grand Odin, la Déesse Mère  elle-même n'a jugé de protéger la vie des hommes. Les quelques rares vaisseaux qui ont osé s'en approcher ne sont jamais revenus. Ils sont condamnés eux aussi…

 

Loona frissonna à cette dernière pensée et lança un regard plein d’incertitude à Loki dont le visage ténébreux était à demi éclairépar la lumière d’une bougie.

 

Soldat 1 : - Hum ! Que crois tu ? Personne n’échappe à cela.

 

Soldat 2 : - On raconte qu’ils parcourent le monde à la recherche d’aventure et de danger, ils n’ont peur de rien et ce sont eux qui apportent la terreur ! L’Igen Nade a vaincu de nombreux ennemis ; pourfendu trolls, géants, dragons et même des serpents de mer ! C’est évident, ils sont protégés par le grand Odin, le père de toute chose. Et aussi…n’oubliez pas qui sont ses dirigeants !

 

Soldat 3 : - Crois tu cela suffira ? Crois tu que même l’Ingen Nade pourrait venir à bout des forces des

enfers ? Oublies-tu le mage noir ?

 

    Le silence régna un instant à la table des soldats.

 

Soldat 3 : - Elles sont dirigées par un sorcier à l’âme aussi noire que néant, un Démon qu’aucun homme vivant ne peut tuer. Même les armes forgéespar les meilleurs ne peuvent enaucun cas le toucher ! Je ne suis pas convaincu…

 

Loki : - Un sorcier noir ? Hum...une pauvre petite saleté capricieuse. Invincible pour les hommes ? Ba !…ces humains ne valent donc rien. Leurs futiles épouvantes des hantent constamment.

 

Loona : -Au moins nous sommes sûres dela route à suivre. Je suis d’avantage rassurée que l’Ingen Nade ait été aperçut intact. Pour l’instant. Nul ne sait combien de temps l’équipage va résister à ce chaos...il y a toute une nuit à passer.

 

Unautre homme visiblement ivre et plus bruyant pris la parole et bousculant ses compères :

 

Soldat ivre : - Ho la grande « Dragoon Lady »…cette femme possède une beauté surhumaine! Une dompteuse de loups ! Elle ne craint ni les Démons ni les Dieux...Mais hé les hommes alors?! C’est elle que j’aurais aimé rencontrer en tête à tête héhé!

 

Loona : - Charmant. Ce pauvre crétin de sait pas qu’une Valkyrie se tient à quelques mètres de lui ! Et je ne peux rien. Qu’il se taise donc celui-là !

 

Loki termina de boire sa gorgée de bière et se mit à rire d’un air moqueur.

 

Loki : - …Il ne contrôle même pas les pensées qu’il a à ton égard…

 

Loona : - Tu lis dans son esprit ? Loki cela est…

 

Loki : - Inconvenant. C'est ce que tu voulais dire?

 

Le soldat ivre, emporté dans ses propos remarqua la belle Loona s’énerver sans la reconnaître sous son capuchon. Il s’avança maladroitement vers elle puis s’assit à côté à califourchon sur le banc.

 

Loki : - Je t'avais prévenu Loona. L'alcool réveille les pulsions que les hommes ressentent envers de désirables demoiselles. Cela les entraîne aux jeux interdits, je t'avais prévenu Loona...

 

Loona leva les yeux, montrant sa lassitude à l'égard des propos railleurs de Loki.

 

Loona : - Ho par pitée Loki.

 

Soldat ivre : - Ba tiens ! Elle s’énerve ma p’tite dame ? Elle a un problème ?!

 

Unautre homme tourna la tête vers son frère d'arme et leva sa chope bien haut.

 

Soldat 1 : - Laisse donc cette femme tranquille! Tu ne tiens même plus debout haha !

 

Mais enfiévré par l’alcool fit la sourde oreille, accrocha du doigt le bord dela capuche dissimulant le visage de Loona, sans doute dans l’intention de le tirer en arrière. La jeune guerrière leva la main gauche pour lui saisir le poignet.

 

Loona : - Retournez vous asseoir je vous prie.

 

Le soldat fit grise mine et tenta à nouveau de découvrir son visage.

Avec sonautre main Loona pointa sa dague entre les jambes du soldat qui comprit avec frayeur ce qu'elle menaçait de mutiler.

 

Loki : - (Gagné..)

 

Loona : - La dame commence à s’exaspérer des dépravés qui ne tiennent guère l’alcool.

 

Soldat ivre : - Hum..je...!

 

Loona : - Je te conseille fortement de reprendre ta place, je pense que tu n'a guère besoin d'ennuis. Retourne cuver ta bière et laisse moi en paix. Sinon vois tu cette dague? Si je m'en sers contre toi tu ne pourras guère t’en servir et ta fierté d'homme sera brisée. Ce serait regrettable!

 

Loki observait attentivement la scène avec un sourire sadique à l'égard du soldat désemparé.

Deux des compagnons de l’imprudent se pressèrent autour de la Valkyrie et un posa sa lourde main sur son épaule.

 

Soldat 3 : - Que fais tu insolente ? Tu parles à un soldat de l’empire et tu lui dois le respect !

 

Soudain Loki se leva et avant que qui conque ne puisse réagir, il empoigna brutalement le malheureux qui venait s'interposer et le projeta contre le mur dela taverne. Le coup inhumain fut violent et bref tantla paroi se fissura sous le choc.

 

Loki : - Tu as peut être mal compris que tu devais foutre le camp ?!

L’homme sonné se débattait en vain et commençait à manquer d’air sousla poigne de son adversaire qui l'avait pris àla gorge.

 

Loki : - Ne la touche pas ou je te tue !...On croise vraiment des sale ordures ici bas...

 

Le soldat essayait d’attraper son épée ou de lui faire lâcher prise. En vain.

Plus il s’agitait plus main autour de son coup se serrait et lui coupait toute respiration. Il semblait maintenant souffrir d’un mal au crâne épouvantable, pâle comme la mort il poussait des gémissements inarticulés. Ses yeux embués de larmes reflétaient le néant et la cendre, s'entourant veines noirâtres partant de sa gorge. Son visage commença à se calciner de l'intérieur.

Loki avait pénétré son esprit et le torturait à présent. Les flammes lui consumaient les entrailles.

 

Loki : - Tu empestes la peur. Cela te trahis. Ne t'en fais pas la mort n'est qu'un chemin. Je t'ouvre juste la voie...

 

Et Loki ne comptait arrêter sa tache seulement lorsque la douleur l’aurait tué, où que lui même le supplie de le faire. Car il ne ressentaitaucune pitié pour ces hommes. Il n’appréciait guère les humains en général. Les trois autres soldats le regardaient, sans voix face à ce qu’ils pouvaient voir.

 

Soldat 1 : C'est...c'est...le Démon ...Loki! Haaaa mon crâne...!

 

Unautre homme, resté en retrait, s'empressa de sortir une croix chrétienne d'une de ses poches et se mit à murmurer :

 

Loki : As-tu vraiment la foi ?

 

Soldat 2 : Vita mortuorum, aqua, sanguis et cinis terra erit.

Ô toi dont j'ignore le nom. Dieu ou Démon de haine et de fureur. Je t'en prielaisse nous en paix. Epa...

 

Loki tourna légèrement la tête vers lui tandis que son sourire s'agrandit :

 

Loki : - Non. Tais toi, tu en dis trop.

 

La relique du soldat se tordit sous ses yeux de son propriétaire effrayé et vint l'étouffer en s'enfonçant au fond de sa gorge. Ses frères d'armes commencèrent à goûter amèrement à son sort et se tordaient de douleur sur le plancher de la taverne.- Une idée de Loki.

L'un d'entre eux injuria son compère qui succomba à la tentation de se jeter sur lui afin de l'étrangler et le rouer violemment de coups jusqu'au sang.- Une idée de Loki.

Celui qui s'était trouvé attirée par Loona et par l'alcool ne savait que faire. Soudain son bras droit se saisit vivement de la dague de la Valkyrie et la pressa contre sa gorge mal rasée. Un filet de sang vermeil coula sur son cou, tandis que son bras gauche luttait péniblement contre l'autre.- Une idée de Loki. Le dieu du Mal affichait un sourire pervers. Dans ses yeux aux couleurs de flammes brûlaient ardemment la haine montrant qu’il se délectait de leur supplice ainsi quela mort de ses victimes passées et de ses ennemis futurs. Un regard de prédateur. Le plus dangereux des prédateurs ayant acculé ses proies. Et ce malheureux imprudent qu'il tenait entre ses griffes allait subir cette torture des plus horribles. Loona se rendit à l’évidence; elle ne pouvait plus supporter cette torture devenue gratuite. Elle se leva pour s'approcher de Loki et perçut une odeur de brûlé. Non pas une futile odeur de cendres après un incendie. Mais le parfum plus subtil du feu.

 

Loona : - Cela suffit!

 

Loki détourna quelque peu la tête. Soudain, les deux hommes se battant à mort s’embrasèrent et disparurent en cendres.

 

Loki : - Oups…

 

 

Loona : - Arrête ils ont eu leur compte !…Je t’en prie met fin à cela, ils ne méritent pas la mort !

 

Loki : - Écarte toi.

 

Loona : - Ne tue pas pour rien.

 

Loki : - Tu n’as pas à me tenir tête, maintenant tu ne décides plus du sort des humains.La vie ne t'appartient plus. Aurait-tu oublié Loona?

 

Loki soupira et attendit quelques précieuses secondes qui ne semblaient s’éterniser. Loona décida de s'interposer à ce châtiment. Au moment où ses mains se posèrent sur l'avant-bras de Loki une chaleur vive lui brûla les doigts, ce qui la fit reculer.

 

« Je vais réessayer peu importe la douleur je ne cèderai pas tant que lui n'en fera pas tant! »

 

Loki : - Est-ce cela que tu veux; souffrir pour les autres? Te réduire en martyre? En esclave?! Qu'est tu devenue...Loona? Nos avons façonné le destin des hommes durant des millénaires toi et moi ! Tu souviens tu seulement de ton ancienne vie?

 

Loona : - Je suis esclave de ma propre volonté Loki. Libère les.

 

Loki : - Tu as changé. Tu es devenue trop indulgente et salutaire. Cela aveugle ta conscience et t'affaiblis.

 

Loona : - Il n'y a pas que moi que le changement concerne.

 

« Toi tu es d'avantage hostile. Sans pitié. Susceptible. »

 

Loki : - Hum vraiment? Je voulais juste m’amuser un peu. Mais si cela peut te satisfaire…

 

« T'amuser, que veux tu dire par là? Voulais-tu tester ma réaction...? Ou bien exercer ton maléfice sur ces hommes en pure distraction...? J'espère que tu es satisfait toi aussi. Pour y mettre un terme...! »

 

Loki desserra enfin son étreinte qui avait laissé une brûlure rougeâtre autour du coup du soldat; celui-ci qui tomba violemment sur le sol de la taverne. Quelques instants rajoutés et la proie de Loki succombait. Celui-ci jeta un regard méprisant à celui qu’il venait d’épargner. Puis lui tendit la main impassiblement. Le soldat tétanisé avança lentementla sienne pour la saisir, mais d'un geste vif le Dieu du Mal se désista, au grand désespoir de l'humain qui se retrouva à nouveau à terre. Amusé par la naïveté cet l'humain, Loki baissa d’un ton :

 

Loki : - Toi, un homme servant la justice? Profites en bien...un jour elle pourrait bien abandonner ta misérable cause. Ta Gardienne. Et moi je te retrouverais.

 

Après quelques instants, les deux hommes restants se relevèrent avec peine et regagnèrent leur place, sans un mot, sans un regard, sans un souvenir. Autour d’eux personne ne semblait avoir été interpellé par la scène. Pas même la petite famille d’en face. Pas même les serveuses empressées. Pas même les ménestrels chantants diverses comptines.

 

« De la magie noire… »

 

D’un geste vif Loki se tourna vers Loona qui s'efforçait de rester impassible. Il la considéra un instant, froid comme marbre, d'une impassibilité d'autant plus inquiétante. Son physique soigné et attirant en emmenait à croire en lui une courtoisie trompeuse. Loki se tourna ensuite vers le fond dela salle, désignant les escaliers en bois sombre qui montaient à l’étage.

 

Loona : - ….

Il est temps pour moi d’aller dormir, nous devons partir tôt demain. A défaut de temps et d’argent.

 

Elle s’engagea la première, traversant ce concert, et Loki la suivit comme une ombre. Les marches usées grinçaient sous leurs pats tandis qu’ils montaient à l’étage. Loona traversa un couloir sombre éclairé par quelques pâles chandelles; les bruits provenant dela grande salle résonnaient encore.

Elle s’arrêta devant la dernière des portes, tira une ample clef de sa manche puis entra la première.

Une chambre modeste comportait tout juste le nécessaire ; un lit contre le mur avec des draps propres, une cheminée allumée, un vieux bureau, une petite salle de bain voisine ainsi qu’une pâlelanterne posée sur le rebord dela fenêtre. La Valkyrie exténuée déposa soigneusement ses armes sur son lit et fit face à Loki qui inspectait la pièce et raviva la lanterne d’un tour de main.

 

Loki : - Bien, je te laisse. Je ne serais pas loin si tu as besoin de moi.

 

Loona : - Où vas-tu ?

 

Loki : - Ne t’inquiètes pas, je vais redescendre et ensuite je déciderais peut être de prendre une chambre. Mais c’est plutôt toi qui a besoin de repos, pour moi ce n’est pas un problème.

 

Loona marqua une pause et approuva ses paroles d'un battement de paupières.

 

Loki : Tes mains te brûlent encore n'est ce pas? Laisse moi y appliquer un bandage...

 

La jeune femme s'avança vers Loki et lui tendit docilement ses paumes de mains noircies par la chaleur âcre. Mains devenues trop délicates.

 

Loki : - Hum...je ne t'ai pas ratée on dirait.

 

Enparfait dieu du Mal, il hésita quelques instants pour prononcer quelques mots ambigus. Un air narquois naissait sur son visage.

 

Loki : -Pardonne moi.

 

Les yeux de Loona se posaient sur lui, elle le regardait avec une fixité d'un calme souverain.

 

Loona : - ...Je te pardonne. La taverne, que vas-tu y faire à cette heure-ci ?

 

Loki contempla les faibles flammes dansantes dans la cheminée puis laissa échapper un rire :

 

Loki : - (Tant de questions…) Ne t’inquiètes pas je vais simplement faire un tour. Et rendre visite à mes nouveaux compères mortels, je suis sur qu’ils me feront l’honneur departager leur table.

 

L'instant suivant, quand Loona cligna des yeux Loki avait disparu, ne laissant dans cette pièce que le crépitement dela cheminée.

 

Loona : - (Haha...!) N'y pense pas. A demain.

 

« Loki...;

Dieu du Mal ; Satan; Lucifer; Diable...« Tentateur»; « Menteur» ou « Diviseur». Seigneur des Démons. C'est ainsi que les hommes nomment mon Gardien. Un flambeau éclairant ses propres ténèbres. »

 

Loona selava longuement en se laissant bercer par l’eau chaude de son bain.

Elle écouta le battement de son coeur haletant. Puis respira lentement. Détendit ses muscles; se fondant dans un épuisement telle une mort lente que l'on est venu à désirer.

Un épuisement agréable. Loona s'allongea ensuite sur son lit aveclassitude; elle était à bout de forces et jambes étaient devenues trop pesantes. La jeune femme contempla le ciel majestueux.
La haut, les pluies d'étoiles indifférentes dansaient leur éternelle et lente danse céleste, apportant leur douceur nocturne dans le cœur de chaque être.
Ce spectacle merveilleux était accompagné d'une douce mélodie, le chant d'une louve hurlant à la pleine lune; au pelageaussi blanc que ces astres de lumière. Faïla...

 

« Chaque soir tu chantes en mon nom. »

 

Loona frissonna. L'appel de la nuit et de la lune était envoûtant; irrésistible; sauvage; magique et mystérieux...Elle songea un instant que loin, bien loin de là, ces mêmes étoiles scintillaient au dessus la majestueuse citée d’Asgard; et sombra dans un rêve éveillé.

 

.*°_______________________°*.

 

Asgard, royaume prospère régnant en maître sur les neuf mondes, citée ancestrale mais baignée dans une technologie magique en perpétuel avancement. Le palais d’Odin, immense, se dressait au milieu de celle-ci

 Fille dela lune et des constellations, Loona se coulait souvent hors de sa demeure à la nuit tombée et traversait sans bruit les couloirs majestueux du palais pour se diriger aux balcons les plus hauts de la citée dorée. Ceux qui embrasaient le ciel.

Là elle arrêtait sa course mystérieuse et subtile et admirait le spectacle un instant à travers son regard de cristal.

Elle ne pouvait plus résister. L'appel nocturne était supérieur.

Envoûtée, tandis qu’une douce magie, une énergie vitale s’éveillait en elle.

Elle la sentait parcourir chaque partie de son corps jusqu'à épouser son esprit indomptable.

Puis elle laissait tomber de voile de satin qu’elle portait et fermait les yeux. Un léger sourire se dessinait lentement sur son visageaux traits fins, que le bonheur et l’exaltation ne rendaient qu’encore plus beau.

Faisant face à toute l’immensité de l’univers dominéepar la lune la désirant ; elle déployait ses ailes délicates.

Et elle prenait son envol, transformée par cette énergie indomptable.

La grande et majestueuse dragonne volait avec grâce et puissante, vers les lumières célestes brillant dans ses yeux de cristaL. Son cœur s’emplissait du chant éternel dela nuit.

Ses pouvoirs étaient à leur apogée, elle pouvait agir sur le monde.

La vie brûlait en elle.

L’énergie sillonnait son corps.

Le destin était sous ses ordres.

Sa clairvoyance et son savoir n’avaientaucun ennemi.

Et la nuit était sienne…

.*° _______________°*.

 

« La nuit…un moment merveilleux »

 

Mais Loona savait qu'au loin s'étendait le ciel de sang et de cendre balapar la tempête, sous le quel le reste de son équipage se mourait peut être...Cette pensée mauvaise réveilla soudain le poison de sa blessure, l’obligeant à fermer les yeux en s'agrippant à sa couverture.

 

 

« Je n'ai pas déclanché cette guerre, mais je compte bien y mettre fin. Avant que le chaos ne prenne le dessus et ne vienne à détruire les piliers de l'ordre cosmique. »

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article